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Publié : 20 mai 2013
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c. Un cirque aux Groues

UN CIRQUE AUX GROUES
 
C’était en 1951. Un cirque orléanais, le cirque Lavrat, s’installait sur un terrain du lieu-dit « les Groues ». Ce cirque était né de la passion d’une équipe de copains, gymnastes du Cercle Michelet, qui s’entraînaient aux Aydes, rue des Ecoles, et participaient à toutes les fêtes du quartier. Après en avoir rêvé, ils décidèrent de le créer : leur cirque ! C’est sous la responsabilité d’André Lavrat, champion de gymnastique, ex pompier de Paris, mais aussi métallier, que ces jeunes se lancèrent dans la construction de caravanes, monocycles et autres agrès. Cela leur prit 149 dimanches ! Puis ils firent l’acquisition d’un chapiteau. La première représentation du Cirque Lavrat eut lieu dans le quartier de l’Argonne en présence de Pierre Chevallier, maire d’Orléans. Ce fut un succès. S’ensuivirent des déplacements dans les environs et au-delà des départements limitrophes. Le 3 mai, la piste couverte s’installe aux Groues. Bien des anciens s’en souviennent … Ils furent plusieurs à s’intéresser au montage ardu et délicat de l’imposante structure de toile : aux manœuvres, les jeunes athlètes, dont certains natifs du quartier (rue des Murlins, rue Masse).
Le soir, pour la représentation, ils avaient troqué la combinaison de travail pour la tenue d’apparat. En véritables artistes, ils évoluaient sur des vélos à une roue, sur un fil, au trapèze, dans des numéros de main à main, de jongleurs, d’équilibristes, d’acrobates burlesques ou de clowns musicaux … Presque toute la population des Groues étai là pour les applaudir, les encourager, les féliciter ! Pour sûr, nombreux reviendraient les applaudir demain.
Hélas ! Pas de représentation le lendemain ! Dans l’après-midi du vendredi, une bourrasque terrible, un coup de vent cataclysmique, comme de mémoire de Groues nul n’en vit jamais, vint abattre le chapiteau. Pas de blessé, mais des dégâts matériels et moraux. De bonnes volontés s’empressèrent d’aider à la remise sur pied, quelques unes armées de leur machine à coudre … Mais il fallut se rendre à l’évidence : il ne se relèverait plus. Adieu la deuxième soirée. La belle aventure du Cirque Lavrat prenait fin aux Groues. Le lendemain à Fleury et les jours suivants, les spectacles eurent lieu à ciel ouvert.
Les héros de cette épopée, qui avaient été honorés d’une retransmission télévisuelle en direct le 5 décembre 1950, continuèrent néanmoins à se produire ensemble pendant quelques années. Puis le temps les éloigna les uns des autres. Mais où qu’ils soient aujourd’hui, ils revivent certainement ces souvenirs et se remémorent avec émotion ce violent coup du sort aux Groues. Quant à André Lavrat, artiste du fer en fusion, ne manquez pas de lui rendre visite à Saran : il vous fera non seulement découvrir ses œuvres, mais également partager ses heures de bonne et mauvaise fortune, sauts périlleux, traversée de la Loire sur un fil à Orléans et moult autres péripéties circaciennes !